Adolescents.... suite3
Etre à la place de
l'adolescent ?
Comme on le sait et comme il a déjà été dit, notre vie passée qui nous
semble si proche, est très loin dans le temps de l'évolution des mœurs et
des habitudes sociales.
Il y a une belle parole qui se répète et qui est un
dicton africain : "Il faut tout un village pour élever un enfant"
Cette
parole n'a plus aucune réalité littérale, car le village africain qu'on
croit n'existe plus. C'était 20 cases, une aire commune vide et
soigneusement balayée pour se protéger des serpents. Le jeune était
prisonnier d'une tradition close sans aucune autonomie, et il était fait à
l'image qu'on lui imposait. Sa seule issue était la fuite et l'émigration.
Il y a depuis longtemps, l'école , la radio, la télévision et tout ce qui
met le monde à portée des jeunes dans sa plus belle réalité... et aussi la
pire.
Localement en ce moment même, le village est en proie aux violences
des rivalités ethniques, confessionnelles, politiques... En un sens, et dans
la réalité souvent, il n'y a plus d'enfants dans les villages. Les photos
prises dans les circonstances anodines et que le numérique permet de
multiplier à faible coût sont un marqueur de la relation familiale. Mais la
facilité de ces images et le fait qu'elles ne sont pas toujours mises sur un
support qu'on peut manipuler, échanger et classer, les privent du charme de
l'album de famille que naguère les enfants et les petits enfants dénichaient
au fond d'un tiroir. Quand nous feuilletons un de ces albums, ils nous donnent
l'image nostalgique d'un temps ancien, mais témoignent toujours de l'existence
du lien familial.
L'éclatement du noyau familial par l'éloignement
géographique de la résidence, affaiblit ce lien naturel.
Le besoin de se
retrouver en famille est manifeste et le grand mouvement des migrations à
l'occasion des fêtes inscrites au calendrier et dans le temps des vacances
scolaires en est la preuve.
En ce sens, le proverbe africain dit vrai,
mais "Le village" auquel il fait allusion est celui que forme la grande
communauté familiale d'enfants, cousins et cousines oncles et tantes, neveux
... à deux degrés de génération. Entretenir ce lien, c'est aider à
l'éducation et à la formation sociale des plus jeunes.
Ce qui fait un enfant, c'est un père et une mère.
Enfanter ce n'est pas
seulement concevoir, porter un enfant en son sein, accoucher, mais c'est en
faire une femme ou un homme. On ne peut pas réussir cette tâche difficile seul.
Mais là,
le village, c'est la maison, la famille proche et des adultes qui font
référence.
Cela signifie que vous devez vivre dans un cadre social pour
réussir l'éducation d'un enfant ... et réussir votre propre vie.
C'est
qu'il n'est pas facile d'être un adolescent, même si nous avons oublié ce
temps que nous avons déjà vécu.
Quand nous l'évoquons, nous le recréons avec
des souvenirs et de l'imagination.
Un jeune qui a un corps d'adulte a des
questions sans réponse et nous ne l'écoutons pas toujours.
Ce sont nos
réponses qu'il contestera, et auxquelles il ajoutera un élément de son cru
qui vont l'aider dans ses tâtonnements à s'adapter à la vraie vie, dans sa
réalité et sans les illusions de l'enfance.
Quand les amis de la famille
arrivent, avez-vous remarqué que les enfants se retirent ?
- C'est parce
qu'ils savent que personne ne leur adressera la parole et que personne ne
leur demandera leur avis sur le sujet du moment, leur travail scolaire,
leurs jugements, leur avis sur la société leurs projets. Ils ont besoin pourtant d'être
pris au sérieux, d'accéder au dialogue adulte avec des adultes, et d'y
apporter leur grain de sel.
La réception des amis de la famille doit être une fête pour tout le
monde, et chacun doit y remplir une charge dans son organisation et dans sa
tenue. Ce moment même le moins formalisé, apprend à l'enfant les rites
sociaux que les hommes ont mis des siècles à acquérir.
Si les jeunes n'ont
pas cette initiation, vous en aurez fait des petits sauvages goujats et
désinvoltes qui vous feront parfois honte et nuiront à l'image de la famille
dans votre groupe.
-Ce qui vous semble aller de soi ou sans importance
est parfois tout un monde pour l'adolescent. En un sens, l'adolescent ne
doit pas être une charge, mais doit contribuer à votre image sociale et au
confort intellectuel et affectif de la famille.
-Sommes-vous certains de
donner à notre adolescent une responsabilité qui demande la confiance et
contribue au bonheur de tous ?
-Veillez à ce que l'adolescent ait une autorité de conseil vis à vis des
plus jeunes et aidez-le à l'acquérir et à la mériter.
-Encouragez la bonne influence qu'il peut avoir sur petites sœurs et
petits frères dans une vraie communauté d'enfants en bonne entente. Cela
vous aidera dans votre tâche d'éducation et exercera l'adolescent à une
fonction adulte. Il se fera le modèle de ce qu'il attend des plus jeunes.