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4- Mayerling - Un drame mal expliqué et un tournant dramatique de l'Histoire : La thèse du double scénario |
Mayerling : 2-Thèses et incertitude
La thèse du double scénario Supposons maintenant que les deux amants aient bien décidé de se suicider mais qu'ils n'ont pas eu le temps de mener la cérémonie préparée à son terme, car des tueurs sont intervenus pour un assassinat sauvage commandité. Quels sont les indices? |
Les indices ne manquent pas:
- lacérations en plusieurs parties sur le corps de Rodolphe : signe d'une
confrontation violente.
- le corps exposé avait les mains dissimulées par des gants noirs à
l'inhumation. Sa sœur ainée, l'archiduchesse Gisèle affirme même que ses
poignets étaient sectionnés.
- Des signes d'effractions montraient qu'on était entré par une fenêtre
défoncée (il faisait très froid).
- Du sang sur le sol selon les premiers témoins et grand désordre dans la
chambre, et des meubles brisés.
- Le crâne de Rodolphe était enfoncé selon la tante, l'archiduchesse
Thérèse. Un masque de cire couvrait la tête et le cou.
- L'arme retrouvée n'était pas celle de Rodolphe et les six balles avaient
été tirées.
Il y a bien d'autres témoignages connus sur les premiers moments de la
découverte du meurtre.
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Un argument aussi peut plaider pour la thèse de la cérémonie du suicide
interrompue par un assassinat. C'est le fait que Mary Vetsera avait choisi
une belle robe pour ce rendez-vous et qu'elle a été trouvée nue, tuée d'une
balle qui lui a fendu le crâne.
On ne peut même pas penser que ce soit Rodolphe qui l'ait tuée dans cet
état et qu'il se soit ménagé un temps pour habiller complètement le cadavre de sa
maîtresse avant de se suicider à son tour. On se fait suicider habillé quand on a
prévu des vêtements pour cette cérémonie après avoir écrit des lettres
d'adieu affectueuses à ses proches.
Il se peut même que la pauvre Mary ait été tuée d'emblée avant même de s'en
rendre compte pour éliminer un témoin du meurtre.
Rodolphe eût été là pour une simple partie de chasse, que la baronne absente
eût survécu à ce matin-là.
La pauvre baronne a été habillée entièrement et corsetée par ses oncles
avant une évacuation qu'on a voulue discrète. La tâche n'a pas été facile ;
Mary n'a pas pu vouloir cela. Elle devait avoir pensé que son corps
aurait été exposé auprès de celui de son héros ; elle en parle dans une de
ses lettres à ses poches.
Il est tout à fait invraisemblable que la jeune fille ait voulu qu'on retrouvât son corps entièrement dénudé après un suicide romantique à la Juliette |
Aucun des autres indices ou témoignages ne vient contredire
l'explication de ce drame par le double scénario d'un suicide interrompu par
un assassinat politique. Aucun des autres témoignages même parfois plus ou
moins crédibles ne vient contredire cette thèse du scénario
interrompu. Reste à savoir qui a exécuté le crime et qui
l'a principalement commandité. On doit admettre que tous les intérêts
concernés étaient contrariés par le comportement et les idées politiques de
cet archiduc dont chacun souhaitait l'effacement de la scène dynastique et
politique.. Personne n'a jamais cru à la thèse du double suicide de deux
amants. Si Mary Vetsera dans sa naïveté et sa fièvre romantique a pu se
prendre parfois pour Juliette, Rodolphe de son côté ne s'est jamais imaginé
dans le rôle de Roméo ou d'un Hamlet !.
Le plus extraordinaire c'est que tous ceux qui se sont penchés sur ce moment
de l'histoire de l'Europe, ont la conviction que beaucoup savaient la
vérité, mais ont toujours refusé de la révéler.
Le destin de l'Europe a été dans ce temps-là entre les mains de cousins,
cousines légitimes ou non, oncles et tantes d'un clan d'inconsistants personnages d'opérette
à bout de consanguinité et qui vont se disperser au premier souffle,
cherchant asile ici et là à travers l'Europe. Avant 1914, on sait déjà
comment cela finira.
Il est triste que le sort des peuples ait trop souvent été décidé par les élucubrations de l'esprit malade d'un seul. Cela se trouve encore, hélas !